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In extremis

À propos des projets cinéma au Collège.

Comme nous le laissions entendre dans notre dernier article, la fin de l’année est toujours une époque d’intense activité pour les élèves (et les enseignants !) investis dans les projets cinéma du collège ; c’est la période fatidique pendant laquelle il convient de finir les productions commencées depuis plusieurs mois, c’est-à-dire, finalement, celle où il faut impérativement rattraper le retard accumulé… Car c’est un fait : mener à bien un projet artistique est, en grande partie, une impitoyable course contre la montre !
C’est donc in extremis que les élèves de troisième inscrits à l’option cinéma ont finalisé leurs réalisations annuelles afin de les défendre à l’occasion de l’oral d’Histoire des Arts du DNB. Composé cette année de Melle Lassiaz, responsable pédagogique de la Cinémathèque Française (notre partenaire institutionnel pour le projet), de M. Ginguené, professeur de cinéma au Lycée Saint-Sulpice, et des deux animateurs du projet (auxquels s’est parfois adjoint notre Directeur, M. Mucignat), le jury a pu découvrir huit courts-métrages de quatre à huit minutes qui, malgré quelques maladresses et approximations techniques, témoignent au-delà de leur diversité d’un même investissement créatif et d’une approche esthétique généralement pertinente. Si l’exercice de la présentation orale reste souvent à améliorer (plusieurs prestations ayant visiblement manqué de préparation), le jury a cependant été sensible au plaisir de faire du cinéma qui s’exprimait tantôt naïvement, tantôt sérieusement, parfois fort talentueusement dans chacune des productions. C’est précisément ce plaisir que nous tâcherons, une nouvelle fois, d’éveiller l’an prochain avec un nouveau groupe d’élèves, l’option cinéma étant reconduite en 2013-2014.
In extremis également, la finalisation des films conçus par les participants au projet cinéma « espace/ temps » en 4e6 !!! Il faut dire que nous expérimentions cette année un nouveau thème et une nouvelle démarche de réalisation, centrée sur le voyage à Turin du mois de février : les scénarii ont été écrits a posteriori à partir des images tournées là-bas. Il a donc fallu visionner les 5 heures de rushes (près de 550 plans !), sélectionner les meilleurs, concevoir les films à partir de ces derniers, tourner des scènes additionnelles au collège et monter le tout. Le résultat de ce long et fastidieux labeur est à présent gravé sur DVD. Le Triptyque de Turin se compose donc d’un film documentaire légèrement scénarisé, Un Exposé spectaculaire (23’50’’), qui présente la capitale piémontaise à travers un montage de vues de son centre historique et de ses quartiers populaires, d’un film de fiction, Rêves de Turin (22’18’’), qui met en scène de jeunes gens dans des songes turinois nés d’une situation parisienne banale et enfin d’un montage expérimental, Mole Antonelliana (5’38’’), imaginé à partir des prises de vues réalisées par les élèves lors de la journée de visite au Musée du Cinéma transalpin. Les trois principales formes cinématographiques (fiction, documentaire, cinéma expérimental) sont donc traitées à travers des productions qui tentent au mieux d’illustrer le thème choisi cette année, prouvant ainsi que malgré la dictature du temps, il n’est jamais trop tard pour investir l’espace des possibles.
 
Une ligne de conduite qui, au regard de nos deux projets cinéma, sied aussi bien à une définition de l’art qu’à une philosophie de l’enseignement et de l’éducation … et permet, in extremis, de faire, en fin d’article, un peu de politique.

M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 60, juin 2013)
 
 


De Turin et d’ailleurs

A propos des projets cinéma au collège.

Sorti en 1914, Cabiria de Giovanni Pastrone est le premier peplum de l’histoire et peut être considéré comme la première superproduction européenne. Plusieurs centaines de figurants, huit décors pharaoniques construits pour l’occasion, des cartons écrits par l’écrivain Gabriele d’Annunzio et la première utilisation d’un travelling font de cette fresque épique de 180 minutes un monument de l’art cinématographique et de Turin, la ville où il fut tourné, la cité latine du cinéma. Vingt ans plus tard, Mussolini qui avait bien compris le potentiel propagandiste du septième art, fera déplacer les studios turinois à Rome, siège du gouvernement fasciste, créant ainsi les célèbres studios de Cinecittà. Turin est donc, historiquement, la première « ville du cinéma » d’Italie et d’Europe, statut qu’elle entend rappeler aux cinéphiles en leur ouvrant depuis 2000 son immense Musée National du Cinéma dans le décor architectural grandiose de la Mole Antonelliana. Et c’est avec délectation que les élèves de 4e 6 ont pu parcourir, une journée durant, les 3500 m2 de ce musée ludique et interactif et découvrir ainsi ses impressionnantes collections d’appareils, de documents, de photos, d’affiches et, bien entendu, de films.
 
Cette année en effet, le projet-cinéma organisé avec la classe de quatrième de soutien s’est enrichi d’un voyage de quatre jours (du 25 au 28 février derniers) dans la capitale du Piémont afin de visiter, outre le Museo Nazionale del Cinema, le remarquable Musée Egyptien, et d’arpenter – à pied ! – la ville de long en large pour s’imprégner de l’air cinématographique du temps indispensable à la conception des films. Car, entre deux visites, les élèves ont tourné de nombreuses prises de vue qui vont servir de matière première à leurs réalisations. Après le dérushage en cours des plans turinois, c’est au montage et au tournage d’éventuelles scènes additionnelles auxquels les élèves devront s’atteler pour finir les trois courts-métrages (un film de fiction, un film documentaire, et un film expérimental) constituant, selon leur décision, ce que les apprentis réalisateurs appellent déjà Le Triptyque de Turin. Cette phase finale de création a, par ailleurs, été précédée de deux ateliers d’analyse d’images organisés avant et après le voyage piémontais à la Cinémathèque Française (à Paris !) en lien direct avec le thème du projet de cette année, « Espace / Temps » : « Mais où suis-je ? Territoires inconnus », le 28 janvier et « Grand / Petit », le 18 mars. C’est en s’inspirant des Maîtres et des classiques, qu’on apprend vite et qu’on crée mieux.
De leur côté, les participants à l’« option cinéma » en troisième sont, plus qu’à l’accoutumée (si, si, c’est possible !!), en retard dans leurs réalisations finales… Certains groupes terminant l’écriture de leur scénario, certains commençant leur tournage, certains le finissant, d’autres, plus organisés, débutant le montage en ayant pleinement profité de la séance de travail supplémentaire organisée le samedi 13 avril… Quoiqu’il en soit, tout ce petit monde devra intégrer très vite une des notions capitales de la création cinématographique : le contraignant concept de la dead-line ! Rappelons en effet que les courts-métrages inspirés par la bande son originale mixée par notre ami le DJ LS2D doivent être impérativement terminés pour le 29 mai prochain, date à laquelle les élèves défendront leur création devant un jury de spécialistes à l’occasion de l’épreuve orale d’Histoire des Arts du DNB. Restons confiants cependant, en cinéma comme ailleurs, l’urgence est parfois créative !
 

 
 
M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 59, avril 2013)
 







Les enfants de Langlois

À propos des projets cinéma au Collège.

Au début des années trente, Henri Langlois, jeune cinéphile passionné, décide de sauver et de collectionner les bobines des films muets vouées à la destruction depuis que le cinéma est devenu parlant. Quelques années plus tard, en 1936, la collection devenant imposante, il décide avec deux amis, George Franju (réalisateur) et Jean Mitry (historien) de créer une structure qui puisse archiver, conserver, restaurer et projeter non seulement les vieux films muets, mais également tous les autres, français ou étrangers et qui soit capable de constituer une collection d’objets et de documents appartenant à l’histoire du cinéma : la Cinémathèque Française vient de naître. L’exemple sera suivi dans le monde entier : rapidement des Cinémathèques apparaissent dans plusieurs pays, créées par des gens qui, comme Langlois, pensent que le cinéma est un patrimoine esthétique et historique à sauvegarder et à partager. Depuis, à Paris notamment, le sérieux et l’importance de toute cinéphilie digne de ce nom se juge à la fréquentation des salles et des collections de la Cinémathèque Française, à Chaillot d’abord, puis à Bercy depuis 2005.
 
Quand nous décidons, en 2007, de mettre en place un projet cinéma en 4e, il est évident pour nous que la Cinémathèque est un lieu que nos élèves devront s’approprier et fréquenter assidument, qui plus est lorsqu’un tel lieu se trouve à un quart d’heure à pied du Collège… Au fil du temps, nous multiplions les visites et les ateliers dans la maison de Langlois et nous lions des relations aussi chaleureuses que fructueuses avec l’Institution et son service pédagogique. Un partenariat amical prend forme peu à peu et lorsqu’en 2010 nous créons l’ « option cinéma » en 3e, la Cinémathèque devient notre collaborateur privilégié pour l’éducation audio-visuelle. Depuis le début de l’année, cette coopération affectueuse est devenue officielle et institutionnalisée puisque l’option est devenue un « atelier artistique en partenariat avec la Cinémathèque Française » reconnu par le Rectorat.
 
Cette année, en novembre, les élèves du projet de 4e ont d’ores et déjà pu participer à un parcours (visite du Musée suivie d’une séance d’analyse filmique en salle) ayant pour thème la « Naissance du cinéma » avant d’assister à deux autres ateliers prévus en janvier et en mars. Les participants à l’option de 3e, quant à eux, ont pu brillamment éprouver les connaissances acquises en classe lors d’une autre visite du Musée en octobre et d’un atelier d’analyse sur les formes cinématographiques d’avant-garde en novembre. Trois autres ateliers auront lieu en mars et avril. Vu la satisfaction qu’ont témoignée les élèves (de 4e et de 3e) lors de ces sorties et des séances de travail qui ont suivi, on se dit qu’il en est des projets pédagogiques et artistiques comme de l’amour : le plaisir naît du choix du partenaire…
Les élèves de l’option ont également eu l’occasion d’assister à la conférence audio-visuelle organisée à leur attention par Charles-Emmanuel Thivet sur les musiques de film. Pour la deuxième année consécutive (encore une collaboration qui fonctionne !!), l’historien-archiviste-DJ a donc expliqué, extraits commentés à l’appui, que la musique au cinéma peut être un élément narratif important ainsi qu’une ligne rythmique qui donne son tempo à la réalisation comme au récit. Depuis le 21 novembre dernier, l’apport de Bernard Hermann, d’Ennio Morricone, de François de Roubaix ou de Martial Solal au 7e art n’a donc plus de secret pour nos apprentis-cinéastes. Ils auront entre autres retenu que c’est précisément le jazz de Martial Solal qui impulse le montage révolutionnaire choisi par Godard pour son premier long métrage, À bout de souffle (1960). Godard, qui avec Truffaut, Resnais, Chabrol, et quelques autres inventeront cette manière inédite de faire du cinéma (et donc, du même coup, une nouvelle conception de l’art cinématographique) qu’on appellera « La Nouvelle Vague ».
Godard, qui avec Truffaut, Resnais, Chabrol, et quelques autres, ne se sont jamais définis eux-mêmes autrement que comme « les enfants de la Cinémathèque ». CQFD.


M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 58, décembre 2012)
 
 
 
 

La permanence dans le changement

Sur les projets cinéma 2011-2012

Cette année encore le collège Sainte-Clotilde organise deux projets de création cinématographique.

En 4e, le projet annuel mené avec la classe de soutien entame sa sixième année d’existence. Pour cette saison le thème change : après cinq ans de productions autour du « Fantastique », place à l’ « Espace / Temps ». Derrière cet intitulé étrange et très ouvert se cachent en réalité les deux composantes essentielles de l’art cinématographique… Aux élèves de se les approprier tout au long de l’année lors de l’heure hebdomadaire réservée au projet, lors des activités organisées à la Cinémathèque Française, et, surtout, lors du voyage à Turin prévu pour le mois de février. Cette nouvelle approche du projet s’articule en effet autour de ce séjour en Italie où les élèves auront l’occasion de tourner autant qu’ils le souhaitent afin de concevoir leurs films à partir de ces images transalpines.  
 
En 3e, l’option cinéma est, pour la troisième année consécutive, proposée aux volontaires les plus motivés. Reconnue par le Rectorat comme un « atelier de pratique artistique » depuis septembre 2011 et bénéficiant d’un partenariat officiel avec la Cinémathèque, l’option se propose une fois encore, à raison de deux heures par semaine (le mercredi après-midi), de sensibiliser ses participants à l’histoire et aux techniques cinématographiques afin qu’ils soient en mesure de réaliser, dès la fin du deuxième trimestre, un court métrage muet inspiré par une bande-son imposée. Cette production, conçue et réalisée en petits groupes, servira de support à l’épreuve orale d’Histoire des Arts du DNB pendant laquelle les élèves devront défendre et expliquer leur film devant un jury spécifique composé de quatre spécialistes du cinéma.
 
Bonne année cinématohraphique à tous !!

 

M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 57, octobre 2012)



 

A bout de souffle

Sur les dernières semaines des projets cinéma au collège
 
L’année s’achève et avec elle les deux projets cinéma organisés au collège. Et c’est encore par une longue et enivrante course contre la montre et les deadlines que les élèves ont dû finir leurs films afin de pouvoir partir vers des vacances bien méritées, le DVD de leurs productions en main.
En 4e, après une ultime journée d’atelier à la Cinémathèque Française, consacrée, début mai, au montage, à son utilité, à son rythme, à ses subtilités,  à sa simplicité numérique et/ou à son charme analogique, c’est en quatrième vitesse et sans reprendre haleine que les quatre groupes ont fini leur court-métrage. Les derniers plans tournés (ou retournés, par conscience quasi professionnelle), nos jeunes cinéastes ont donc pu mettre à profit cette journée d’étude à la Cinémathèque en montant, à leur tour et à vive allure, leurs films.  Exit, Cloning, Monopoly et L’oubli sont donc les quatre films fantastiques à couper le souffle réalisés et terminés dans les temps (ouf !) par les élèves de 4e6 cette année.
Les participants à l’ « option cinéma » en 3e, quant à eux, ont eu le privilège d’assister en avril à la riche intervention audiovisuelle de Charles-Emmanuel Thivet (DJ et historien de la musique, venu tout spécialement de Marseille en TGV) sur la musique de film et son usage dans le processus cinématographique. De Bernard Herrmann à François de Roubaix en passant par Ennio Morricone ou Michel Magne, toutes les variations du point d’écoute ont ainsi été expliquées et analysées tambour battant aux jeunes réalisateurs par le passionné et passionnant érudit. Et, sans prendre le temps de souffler, ils ont pu finir à toute vitesse la réalisation et le montage de leurs films afin de les défendre lors de l’oral d’Histoire des Arts du DNB, le 23 mai dernier. Le Chat et la Souris, Rendez-vous, Les Diaboliques, Dilemme, Les Cris du mort, Colle, Game Over… Try Again ! et La Tache, les huit courts-métrages ainsi réalisés cette année ont donc eu l’honneur d’être projetés en présence de leurs concepteurs devant un jury composé des animateurs de l’option, de M. Mucignat, de Mlle Lassiaz (responsable du service pédagogique de la Cinémathèque Française) et de M. Ginguené (Professeur de Cinéma au Lycée Saint-Sulpice).
Bref, c’est donc bien à bout de souffle et avec panache que se termine cette trépidante et constructive année cinématographique au collège, finalisée in extremis par des productions loin d’être dégueulasses !
 
…Et Jean Seberg de demander dans sa candide pâleur : « Qu’est-ce que c’est : “ dégueulasse ” ? » 1
 
M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 56, juin 2012)
 
1. Cf. : J.-L Godard, A bout de souffle, 1960.
 
 


  

Cris et chuchotements

Quelques nouvelles des projets cinéma au collège


La Nuit des morts vivants de Romero, Rendez-vous avec la peur et La Féline de Tourneur, Nosferatu de Murnau, La Maison du diable de Wise, Les Oiseaux d’Hitchcock, Les Yeux sans visage de Franju, Alien, Le 8e passager de Scott, Les Diaboliques de Clouzot, Shining de Kubrick, Le Bal des vampires de Polanski : c’est à partir d’extraits de ces grands classiques du cinéma terrifiant que les élèves de 4e6 ont pu, durant une journée, en janvier dernier, étudier les mécanismes de mise en scène de la peur au cinéma lors d’un atelier d’analyse de séquence organisé à la Cinémathèque Française. Enfermés cinq heures durant dans une salle obscure (avec tout de même une courte pause déjeuner : nous ne sommes pas des monstres !), les jeunes réalisateurs en devenir du projet cinéma annuel « le fantastique du texte à l’image » ont donc, entre deux cris d’effroi, décortiqué méthodiquement (guidés par la douce Chloé, intervenante aussi compétente que patiente), une douzaine d’extraits où suintait l’angoisse, planait un silence de mort, retentissaient des hurlements stridents, s’élançaient des courses désespérés, s’exhibaient des créatures étranges et inquiétantes… Mais où, surtout, s’exprimaient la maîtrise et le talent des réalisateurs pour faire frissonner les spectateurs. Alors que les élèves viennent de terminer leurs scenarii et leurs découpages séquentiels et que certains ont déjà tourné leurs premiers plans, gageons que les méthodes et les techniques observées lors de cette effrayante journée seront habilement réutilisées dans les quatre productions prévues cette année. Productions qui, comme d’habitude depuis cinq ans, seront muettes et en noir et blanc. Preuve qu’à Sainte-Clotilde, nous sommes parfois un peu en avance sur l’air du temps et un peu, aussi, des artists – et sans César, sans Oscar, ni plan média…



Voilà pour les cris. En ce qui concerne les chuchotements, il suffit de venir faire un tour dans la salle de technologie du 3e étage, le mercredi après-midi, de 14h à 16h, pour les entendre émaner des huit petits groupes formés par les élèves de troisième participant à l’option cinéma en plein travail. Après s’être aguerris, ces derniers mois, à l’analyse de séquence et avoir fait leurs gammes lors d’exercices pratiques de réalisation, nos apprentis cinéastes terminent en ce moment l’écriture de leurs films et préparent leurs tournages en noircissant avec entrain et précision leurs séquenciers. Bientôt ces conciliabules préparatoires à voix basse laisseront place aux « Moteur ! Ça tourne ! Action ! » hurlés avec enthousiasme pendant les prises de vues, puis aux exclamations à la fois dépitées et bruyantes (et plus fleuries…) face aux problèmes techniques que rencontreront immanquablement nos jeunes Bergman lors du montage numérique. Le cinéma, c’est aussi, parfois, une affaire de paroles et de volume sonore.

Quant au blog ciné sainte-clo, il compte déjà, depuis sa mise en ligne en janvier dernier, plus de 1500 visites… Certes, nous sommes loin du nombre d’entrées d’Intouchables mais c’est un chiffre suffisamment important pour encourager ses animateurs à rattraper leur retard de mise à jour ! Face aux cris de réclamation des internautes cinéphiles, ils ont d’ailleurs promis dans un chuchotement honteux de s’y atteler dès demain…


M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 55, avril 2012)


De la lanterne magique au blog

Quelques nouvelles des projets cinéma au collège

Le premier trimestre s’achève et les projets cinéma du collège battent son plein. Ce qui est un comble, ces premiers mois de travail ayant été centrés sur les débuts du cinéma, à l’époque où il était encore muet.

En 4e 6, le projet-cinéma « le fantastique du texte à l’image » a été le cadre d’une première visite à la Cinémathèque Française pour un parcours sur la naissance du cinéma. Après avoir visité les collections du Musée présentant les appareils de la préhistoire cinématographique (lanternes magiques, zootrope, praxinoscope, fusil photographique, kinétoscope), et celui de son avènement (cinématographe Lumière), les élèves ont pu découvrir et analyser les premiers films tournés entre 1895 et 1920 par les pionniers du Septième Art, lors d’une projection brillamment animée par une charmante intervenante. Les semaines suivantes furent l’occasion pour les élèves de se familiariser avec la caméra, le vocabulaire technique, la composition et l’échelle des plans, et le découpage séquentiel grâce à des cours théoriques et des exercices pratiques. Autant d’étapes indispensables avant l’écriture et le tournage de leurs films dans les mois qui viennent. Comme d’habitude, la sortie à la Cinémathèque et la manipulation de la caméra restent des séances appréciées par les futurs cinéastes qui ont pu, cette année, s’essayer à la mise en scène lors d’un exercice conçu avec leur professeur d’Espagnol, Mme Prieto. La caméra numérique devint alors, le temps d’une belle session de travail, un outil (pédagogique) capable de transformer la récitation d’un court dialogue dans la langue de Buñuel en un petit film dans lequel on s’essaya, non sans difficultés, à la maîtrise du champ / contre-champ.

En 3e, la vingtaine d’inscrits à l’« option cinéma » a, elle aussi, commencé par le commencement. De l’analyse étymologique du mot « cinématographe » et du phénomène de la persistance rétinienne (ce défaut de la rétine qui permet à l’œil de percevoir des images en mouvement) à la réalisation des premiers films scénarisés, en passant par les expériences de « protocinéma » de Muybridge, Marey ou Edison, les incontournables vues Lumière, les incroyables inventions de Méliès, c’est à tout un pan de l’histoire des arts que les élèves ont pu s’initier. Une fois ces bases historico-techniques posées, ils purent enfin se saisir de la caméra afin de concevoir et filmer, en binôme, un plan unique d’une minute, à la manière des opérateurs Lumière. L’analyse en classe de cette première réalisation nous a permis d’introduire les notions de plan et de séquence et de leurs composantes indispensables (cadrage, profondeur de champ, mobilité / fixité, composition, position de la caméra, échelle, durée, etc.) qu’ils pourront éprouver concrètement très bientôt lors de séances d’analyse de séquences ou d’exercices pratiques caméra en main. Enfin, nous sommes heureux et fiers de vous annoncer la mise en ligne du blog ciné sainte-clo qui présente, entre autres, les différentes activités liées au cinéma au collège et propose en streaming l’intégralité des courts métrages filmés depuis maintenant cinq ans par les participants du projet en 4e et de l’option en 3e. Vous pouvez donc, entre deux séances en salle, assouvir votre cinéphilie en vous rendant à l’adresse suivante : http://cine-steclo.blogspot.com. (NB : Nous ne fournissons pas le popcorn : à vous de vous organiser. – Le mieux étant de perdre cette mauvaise habitude de spectateur, ou plutôt cette habitude de mauvais spectateur !!)



M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 54, décembre 2011)


Projets cinéma : nouvelles bobines


Une nouvelle année scolaire débute et avec elle les deux projets cinéma organisés au collège.

En quatrième, d’abord, où pour la cinquième année consécutive le projet cinéma en lien avec le programme de français « le fantastique du texte à l’image » est reconduit avec la classe de 4e6. Après avoir été sensibilisés à l’analyse filmique, à l’histoire et aux techniques du cinéma, les élèves, répartis en quatre équipes de production, devront écrire, réaliser et monter quatre courts-métrages fantastiques mettant en œuvre les caractéristiques du genre, telles qu’elles auront été étudiées en cours de français. Comme les années précédentes, la formation des jeunes cinéastes sera enrichie par plusieurs ateliers organisés par le service pédagogique de la Cinémathèque Française. La première visite, le 17 octobre, sera l’occasion d’un parcours (visite du musée et atelier d’analyse filmique) autour de la naissance du cinéma. En janvier c’est une journée entière d’atelier sur le thème de la peur au cinéma qui est d’ores et déjà programmé. Une ou deux autres sessions à la Cinémathèque sont prévues dans le cours de l’année. Vu l’intérêt et la culture qu’ont manifestés les élèves lors des premières séances de projet, on peut légitimement penser que les productions seront de bonne qualité et que cette cinquième saison n’aura pas à rougir de la comparaison avec les précédentes…

En troisième, ensuite, où « l’option cinéma » est proposée aux élèves pour la seconde année. Matière à part entière, cette option permet aux courageux et passionnés volontaires de préparer les filières de formation générales, technologiques ou professionnelles aux métiers de l’image et de l’audiovisuel. Au programme du premier et du deuxième trimestres : formation culturelle et technique à l’art cinématographique, analyses filmiques, exercices pratiques de mise en scène, de prise de vue et de montage, rencontre avec des professionnels, des formateurs et des étudiants en audiovisuel (notamment avec la classe de préparation au bac L option arts, section cinéma du lycée Saint-Sulpice). Au programme du dernier trimestre : écriture, tournage et montage d’une court-métrage par équipes de trois ou quatre ; le film réalisé devant servir de support à l’épreuve orale d’Histoire des Arts du DNB.

Bref, à Sainte-Clotilde, depuis plusieurs années, les projets cinématographiques, ça tourne !


M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 53, octobre 2011)


 

« Le Fantastique du texte à l’image » : premiers plans


Le Projet Cinéma organisé avec les élèves de 4ème 6 a débuté au retour des vacances de la Toussaint.

Après une prise de contact qui nous a permis de constituer quatre équipes et de présenter le projet, les élèves ont pu s’initier à l’analyse de film avec le visionnage du court métrage « Le Homard », un long plan séquence en caméra subjective qui les a mis dans la carapace d’un homard à deux doigts de passer à la casserole. Cette première séance nous a ensuite permis d’aborder quelques techniques de l’image : le cadre, la composition, les différentes valeurs de plans. Nous avons également étudié ensemble la lecture de l’image à l’aide de bandes dessinées ainsi qu’en regardant le début du western de Howard Hawks, Rio Bravo. Et force est de constater que dès que l’on sollicite les élèves sur le thème de l’image, la participation est active et intelligente. En effet, pour la plupart des élèves, même si le regard manque encore un peu d’entraînement et l’analyse de rigueur, les intuitions sont nombreuses, spontanées et souvent très pertinentes.

Par la suite, deux premières équipes ont pu, guidées par M. Chauré, passer de la théorie à la pratique en réalisant leurs premières prises de vue dans la cour du collège. La séance de dérushage (premier visionnage des images filmées) qui a suivi nous a tous permis de constater l’importance des quelques notions principales vues en classe précédemment : à la question « qu’est-ce que cela vous donne comme impression ? », la réponse collégiale fut : « ça donne le mal de mer »…

Mais qu’à cela ne tienne, tous savent désormais ce qu’il ne faut pas faire : des zooms, des zooms et encore des zooms… et certains élèves ont manifesté leur envie d’utiliser un pied pour ne plus faire bouger la caméra.

Parallèlement, les deux autres équipes abordaient avec M. Alaguillaume le synopsis et le scénario. Une manière de comprendre que tel un roman, un film sert avant tout à raconter une histoire. Certains ont déjà pu passer à l’écriture de leur première fiction…

Enfin, la classe a eu l’occasion de se plonger au cœur du cinéma lors d’une sortie au Grand Rex. La fameuse salle des Grands Boulevards propose en effet, après le visionnage d’un film documentaire sur les différents métiers du cinéma, une visite ludique et interactive dans les entrailles de ce monument classé, dédié au septième art. Une déambulation qui nous a fait croiser les grandes stars du cinéma, découvrir une salle de projection avec toutes ses machineries et même nous retrouver avec Clint Eastwood dans un western spaghetti. La visite est certes plus ludique que véritablement pédagogique, néanmoins elle a le mérite, en faisant vivre la magie du cinéma, de susciter l’envie de voir des films et peut-être aussi d’en faire. De plus, le documentaire sur les différents corps de métiers qui participent à l’élaboration d’un film, permet de comprendre qu’entre l’idée qui germe dans l’esprit du scénariste et la première projection, toute une série de compétences est mise en jeu pour mener à bien un projet qui peut prendre plusieurs mois. Un peu comme une année scolaire finalement…



M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 39, décembre 2007)


Le Fantastique du texte à l'image

Cette année, la classe de 4e 6 travaillera à un projet cinématographique en lien étroit avec le programme de français du cycle central. Après les congés de la Toussaint, il s’agira pour les élèves (répartis en quatre groupes) d’adapter sous la forme d’un court-métrage vidéo une ou plusieurs scènes d’un récit fantastique. Chaque groupe aura donc à choisir parmi les textes étudiés en classe, les scènes les plus significatives qu’il transposera en récit filmique.

Après avoir rédigé un synopsis et un scénario plan à plan, les élèves tourneront, à l’aide d’une caméra numérique, les différentes séquences ainsi préparées qu’ils monteront ensuite afin de produire quatre petits films d’une dizaine de minutes qui pourront alors être projetés devant leurs camarades et leurs familles.

Ce projet, animé par MM. Alaguillaume (professeur de français) et Chauré (éducateur) à raison de deux heures hebdomadaires, sera l’occasion pour les élèves de se familiariser à l’analyse d’image, de s’initier aux différentes techniques du cinéma comme aux différentes étapes de la production cinématographique et de partir à la découverte du patrimoine littéraire et culturel européen tout en abordant les notions et les savoir-faire relatifs à l’apprentissage du français. Outre les séances dévolues à l’élaboration du film, il sera parallèlement organisé des sorties et des rencontres avec des intervenants, professionnels du cinéma. Les élèves participeront également à plusieurs ateliers proposés par la Cinémathèque Française et le Musée du Cinéma.

Ce projet mêlera donc une approche théorique et une réalisation pratique qui devraient permettre d’aborder l’enseignement du français sous un angle différent, d’habituer les enfants à travailler en équipe et surtout de mettre à profit le potentiel créatif qui sommeille en chacun d’eux. MOTEUR !

M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 38, septembre 2007)