La Nuit des morts vivants de Romero, Rendez-vous avec
la peur et La Féline de Tourneur,
Nosferatu de Murnau, La Maison du diable de Wise, Les Oiseaux d’Hitchcock, Les Yeux sans visage de Franju, Alien, Le 8e passager de
Scott, Les Diaboliques de Clouzot, Shining de Kubrick, Le Bal des vampires de Polanski : c’est à partir d’extraits de
ces grands classiques du cinéma terrifiant que les élèves de 4e6 ont
pu, durant une journée, en janvier dernier, étudier les mécanismes de mise en
scène de la peur au cinéma lors d’un atelier d’analyse de séquence organisé à
la Cinémathèque Française. Enfermés cinq heures durant dans une salle obscure
(avec tout de même une courte pause déjeuner : nous ne sommes pas des
monstres !), les jeunes réalisateurs en devenir du projet cinéma annuel
« le fantastique du texte à l’image » ont donc, entre deux cris
d’effroi, décortiqué méthodiquement (guidés par la douce Chloé, intervenante
aussi compétente que patiente), une douzaine d’extraits où suintait l’angoisse,
planait un silence de mort, retentissaient des hurlements stridents,
s’élançaient des courses désespérés, s’exhibaient des créatures étranges et
inquiétantes… Mais où, surtout, s’exprimaient la maîtrise et le talent des
réalisateurs pour faire frissonner les spectateurs. Alors que les élèves
viennent de terminer leurs scenarii et leurs découpages séquentiels et que
certains ont déjà tourné leurs premiers plans, gageons que les méthodes et les
techniques observées lors de cette effrayante journée seront habilement réutilisées
dans les quatre productions prévues cette année. Productions qui, comme
d’habitude depuis cinq ans, seront muettes et en noir et blanc. Preuve qu’à
Sainte-Clotilde, nous sommes parfois un peu en avance sur l’air du temps et un
peu, aussi, des artists – et
sans César, sans Oscar, ni plan média…
Voilà pour les cris. En ce qui
concerne les chuchotements, il suffit de venir faire un tour dans la salle de
technologie du 3e étage, le mercredi après-midi, de 14h à 16h, pour
les entendre émaner des huit petits groupes formés par les élèves de troisième
participant à l’option cinéma en plein travail. Après s’être aguerris, ces
derniers mois, à l’analyse de séquence et avoir fait leurs gammes lors
d’exercices pratiques de réalisation, nos apprentis cinéastes terminent en ce
moment l’écriture de leurs films et préparent leurs tournages en noircissant
avec entrain et précision leurs séquenciers. Bientôt ces conciliabules
préparatoires à voix basse laisseront place aux « Moteur ! Ça
tourne ! Action ! » hurlés avec enthousiasme pendant les prises
de vues, puis aux exclamations à la fois dépitées et bruyantes (et plus
fleuries…) face aux problèmes techniques que rencontreront immanquablement nos
jeunes Bergman lors du montage numérique. Le cinéma, c’est aussi, parfois, une
affaire de paroles et de volume sonore.
Quant au blog ciné sainte-clo, il compte déjà, depuis sa mise en ligne en janvier
dernier, plus de 1500 visites… Certes, nous sommes loin du nombre d’entrées d’Intouchables mais c’est un chiffre
suffisamment important pour encourager ses animateurs à rattraper leur retard
de mise à jour ! Face aux cris de réclamation des internautes cinéphiles,
ils ont d’ailleurs promis dans un chuchotement honteux de s’y atteler dès
demain…
M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 55, avril 2012)