Sorti en 1914, Cabiria de Giovanni Pastrone est le
premier peplum de l’histoire et peut
être considéré comme la première superproduction européenne. Plusieurs
centaines de figurants, huit décors pharaoniques construits pour l’occasion,
des cartons écrits par l’écrivain Gabriele d’Annunzio et la première
utilisation d’un travelling font de
cette fresque épique de 180 minutes un monument de l’art cinématographique et de
Turin, la ville où il fut tourné, la cité latine du cinéma. Vingt ans plus
tard, Mussolini qui avait bien compris le potentiel propagandiste du septième
art, fera déplacer les studios turinois à Rome, siège du gouvernement fasciste,
créant ainsi les célèbres studios de Cinecittà.
Turin est donc, historiquement, la première « ville du cinéma »
d’Italie et d’Europe, statut qu’elle entend rappeler aux cinéphiles en leur
ouvrant depuis 2000 son immense Musée National du Cinéma dans le décor
architectural grandiose de la Mole
Antonelliana. Et c’est avec délectation que les élèves de 4e 6
ont pu parcourir, une journée durant, les 3500 m2 de ce musée
ludique et interactif et découvrir ainsi ses impressionnantes collections
d’appareils, de documents, de photos, d’affiches et, bien entendu, de films.
Cette année en effet, le
projet-cinéma organisé avec la classe de quatrième de soutien s’est enrichi
d’un voyage de quatre jours (du 25 au 28 février derniers) dans la capitale du
Piémont afin de visiter, outre le Museo
Nazionale del Cinema, le remarquable Musée Egyptien, et d’arpenter – à
pied ! – la ville de long en large pour s’imprégner de l’air
cinématographique du temps indispensable à la conception des films. Car, entre
deux visites, les élèves ont tourné de nombreuses prises de vue qui vont servir
de matière première à leurs réalisations. Après le dérushage en cours des plans
turinois, c’est au montage et au tournage d’éventuelles scènes additionnelles
auxquels les élèves devront s’atteler pour finir les trois courts-métrages (un
film de fiction, un film documentaire, et un film expérimental) constituant,
selon leur décision, ce que les apprentis réalisateurs appellent déjà Le Triptyque de Turin. Cette phase
finale de création a, par ailleurs, été précédée de deux ateliers d’analyse
d’images organisés avant et après le voyage piémontais à la Cinémathèque
Française (à Paris !) en lien direct avec le thème du projet de cette
année, « Espace / Temps » : « Mais où suis-je ? Territoires
inconnus », le 28 janvier et « Grand / Petit », le 18 mars.
C’est en s’inspirant des Maîtres et des classiques, qu’on apprend vite et qu’on
crée mieux.
De leur côté, les
participants à l’« option cinéma » en troisième sont, plus qu’à
l’accoutumée (si, si, c’est possible !!), en retard dans leurs réalisations
finales… Certains groupes terminant l’écriture de leur scénario, certains
commençant leur tournage, certains le finissant, d’autres, plus organisés,
débutant le montage en ayant pleinement profité de la séance de travail supplémentaire
organisée le samedi 13 avril… Quoiqu’il en soit, tout ce petit monde devra
intégrer très vite une des notions capitales de la création
cinématographique : le contraignant concept de la dead-line ! Rappelons en effet que les courts-métrages inspirés
par la bande son originale mixée par notre ami le DJ LS2D doivent être
impérativement terminés pour le 29 mai prochain, date à laquelle les élèves
défendront leur création devant un jury de spécialistes à l’occasion de
l’épreuve orale d’Histoire des Arts du DNB. Restons confiants cependant, en
cinéma comme ailleurs, l’urgence est parfois créative !
M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 59, avril 2013)