Comme
nous le laissions entendre dans notre dernier article, la fin de l’année est
toujours une époque d’intense activité pour les élèves (et les
enseignants !) investis dans les projets cinéma du collège ; c’est la
période fatidique pendant laquelle il convient de finir les productions
commencées depuis plusieurs mois, c’est-à-dire, finalement, celle où il faut
impérativement rattraper le retard accumulé… Car c’est un fait : mener à
bien un projet artistique est, en grande partie, une impitoyable course contre
la montre !
C’est
donc in extremis que les élèves de
troisième inscrits à l’option cinéma ont finalisé leurs réalisations annuelles
afin de les défendre à l’occasion de l’oral d’Histoire des Arts du DNB. Composé
cette année de Melle Lassiaz, responsable pédagogique de la Cinémathèque
Française (notre partenaire institutionnel pour le projet), de M. Ginguené,
professeur de cinéma au Lycée Saint-Sulpice, et des deux animateurs du projet
(auxquels s’est parfois adjoint notre Directeur, M. Mucignat), le jury a pu
découvrir huit courts-métrages de quatre à huit minutes qui, malgré quelques
maladresses et approximations techniques, témoignent au-delà de leur diversité d’un
même investissement créatif et d’une approche esthétique généralement
pertinente. Si l’exercice de la présentation orale reste souvent à améliorer (plusieurs
prestations ayant visiblement manqué de préparation), le jury a cependant été
sensible au plaisir de faire du cinéma qui s’exprimait tantôt naïvement, tantôt
sérieusement, parfois fort talentueusement dans chacune des productions. C’est
précisément ce plaisir que nous tâcherons, une nouvelle fois, d’éveiller l’an
prochain avec un nouveau groupe d’élèves, l’option cinéma étant reconduite en
2013-2014.
In extremis également, la finalisation
des films conçus par les participants au projet cinéma « espace/ temps »
en 4e6 !!! Il faut dire que nous expérimentions cette année un
nouveau thème et une nouvelle démarche de réalisation, centrée sur le voyage à
Turin du mois de février : les scénarii
ont été écrits a posteriori à partir des images tournées là-bas. Il a donc
fallu visionner les 5 heures de rushes
(près de 550 plans !), sélectionner les meilleurs, concevoir les films à
partir de ces derniers, tourner des scènes additionnelles au collège et monter
le tout. Le résultat de ce long et fastidieux labeur est à présent gravé sur
DVD. Le Triptyque de Turin se compose
donc d’un film documentaire légèrement scénarisé, Un Exposé spectaculaire (23’50’’), qui présente la capitale
piémontaise à travers un montage de vues de son centre historique et de ses
quartiers populaires, d’un film de fiction, Rêves
de Turin (22’18’’), qui met en scène de jeunes gens dans des songes
turinois nés d’une situation parisienne banale et enfin d’un montage
expérimental, Mole Antonelliana (5’38’’),
imaginé à partir des prises de vues réalisées par les élèves lors de la journée
de visite au Musée du Cinéma transalpin. Les trois principales formes
cinématographiques (fiction, documentaire, cinéma expérimental) sont donc
traitées à travers des productions qui tentent au mieux d’illustrer le thème
choisi cette année, prouvant ainsi que malgré la dictature du temps, il n’est
jamais trop tard pour investir l’espace des possibles.
Une ligne
de conduite qui, au regard de nos deux projets cinéma, sied aussi bien à une
définition de l’art qu’à une philosophie de l’enseignement et de l’éducation … et
permet, in extremis, de faire, en fin
d’article, un peu de politique.
M. Alaguillaume & R. Chauré
Article paru dans Le Courrier de Sainte Clotilde (numéro 60, juin 2013)